
 
Mai, 2023
Temps de lecture: 6 minutes
La préparation
Plus que de la persévérance et de la détermination, cette vie nous a surtout menés à faire des choix hors du commun et de croire à l’impossible qui vibrent en nous. Elle nous a portés à découvrir nos terres intérieures, parce que dans cette vie d’aventure nous n’avons pas le choix que de marcher main dans la main avec nos peurs. Nayla est la première et la plus jeune enfant à avoir traversé le désert de Nullarbor en Australie et Fibie celui du désert de Gobi de la Mongolie à la Chine, le désert le plus froid au monde. Nous étions si émus que ces déserts nous aient laissés passer. Évidemment, ces semaines d’autonomies sont aussi intenses que sublimes. Notre préparation est incontournable.
Tout d'abord...
Une préparation tout d’abord physique. Nos vélos pèsent jusqu’à 150 kg avec plusieurs jours d’autonomie en nourriture et en eau.
Cette préparation est également mentale. Nous ne sommes pas des athlètes olympiques qui poussent leur corps dans ses derniers retranchements. Nous n’avons pas d’autre choix que de garder assez d’énergie en cas de problème, si nous sommes dérangés pendant la nuit, si nous devons continuer à pédaler à la fin de la journée pour une raison ou une autre. Il nous faut un mental d’acier et savoir que la seule limite est celle de notre esprit. Je me souviens de ce jour où, au Kirghizstan, nous avons gravi un col à 4 km/heure. Nous ne savions pas où se trouvait la rivière la plus proche et nous n’avions presque plus d’eau. C’était la fin de la journée, nous étions épuisés et nous ne savions pas si nous allions devoir pédaler 1, 2 ou 3 heures ou même plus ! Ou lorsque nous avons dû pousser nos vélos pendant 2 jours dans le sable en Serbie. Ou encore lorsque nous avons dû affronter un fort vent de face pendant 17 jours d’affilée alors que nous étions en Australie et que nous traversions le désert. Nous devions nous réveiller à 4 h 30 du matin parce qu’à midi, le vent était si fort que nous ne pouvions plus pédaler. C’est à ce moment-là que nous avons appris qu’il existe une autre façon que de lutter contre le vent, en l’acceptant et en utilisant sa puissance pour avancer, même si c’est lentement.
Bien sûr, nous sommes également préparés d’un point de vue logistique. Par exemple, nous avions déniché une ancienne carte soviétique sur laquelle des puits d’époque étaient indiqués, en cas d’urgence dans le Gobi. avoir
Notre sécurité intérieure est également essentielle. Vivre sous une tente dans le monde entier est un art. Nous avons appris qu’il n’y a que deux énergies, l’une est la peur et l’autre l’amour. Nous ne pouvons pas les expérimenter en même temps, nous sommes soit dans la peur, soit dans l’amour. C’est donc à nous de choisir ce que nous voulons envoyer à l’univers. Nous avons décidé de faire confiance aux gens et de ne jamais verrouiller nos vélos. Nous ne nous sommes jamais fait voler quoi que ce soit. Une fois, mon protège-bagage avant s’est cassé, j’ai été propulsé sur l’avant, tandis que Fibie était sur le système tandem. Après la chute, je réalise qu’il y a quelques minutes encore, nous étions sur une route sinueuse en descente avec plusieurs camions qui nous dépassaient, roulant à environ 25 km/h. Lors de la chute, nous étions sur une piste cyclable à moins de 10 km/heure. Que se serait-il passé si l’incident s’était produit quelques minutes auparavant ? Je tremblais de peur à cette simple pensée. Puis, alors que je nourrissais cette peur, j’ai réalisé que j’avais été protégée, personne n’était blessé et que je pouvais au contraire être pleinement reconnaissante.