Août, 2018

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L’hygiène naturelle infantile

Plus nous apprenons à écouter et entendre nos filles, plus nous découvrons la profonde sagesse des bébés et des enfants. Tous les jours, elles nous montrent à quel point elles sont complètement conscientes de leur besoin à tous les niveaux.  

Nomades à vélo sur les routes du monde, nos filles sont nées en chemin. Lorsque notre première fille Nayla avait une année, nous explorions le Laos et la Chine. Notre deuxième fille, à ce même âge, traversait le désert de Gobi en Mongolie. Des univers totalement différents, et pourtant ils se rejoignent sur la conception de l’hygiène naturelle infantile.

Imprégnée par les coutumes et traditions laotiennes, Nayla a pris les habitudes des petits lao et voilà qu’elle pénètre d’un coup dans le monde chinois. Elle avait pris plaisir à manger le riz gluant, une boule de riz compressée dans la main avec laquelle elle se baladait, à l’image des enfants du pays. Elle saluait de sa main les adultes et répondait au sabaidee par un grand sourire. Comme eux, elle mangeait avec les doigts, elle marchait à pied nu. Comme eux elle jouait avec la terre rouge qui jonchait le sol et ses joues étaient par moment marquées de ses doigts. Au Laos, les enfants étaient la gaîté des petits villages, en grand nombre ils rendaient les communautés frétillantes de leur dynamisme. Ils nous saluaient tous par des sabaidee enthousiastes, ils jouaient autour des maisons, toujours à l’extérieur. Ils étaient portés en écharpe par les mamans, par les papas, ou les grands-parents. Pourtant, les bébés étaient incroyablement calmes, paisibles, observateurs, et restaient volontiers à l’endroit où ils avaient été déposés. Au Laos, les enfants dès 3 ou 4 ans, allaient faire leur lessive à la fontaine du village, ils allaient chercher l’eau potable dans des estagnons, ils s’occupaient de leurs cadets, affairés à aider au bien-être familial. Là, les enfants ont souvent les fesses à l’air libre, ou dans des tissus fins. La chaleur ambiante permet de les faire sécher rapidement et ainsi les couches sont quasiment absentes, surtout dans les villages de montagnes que nous traversons.

En Chine, les sabaidee ont disparu et les objets simples, les jouets que l’on trouve dans la nature, ont fait la place à l’industrie des gadgets en plastique, de préférence coloré, avec des lumières et du bruit. En ville, les enfants sont tous rasés avant leur première année. Ils ne jouent pas dans la terre, ils ne s’assoient pas sur le sol, ils ne marchent pas à quatre pattes, parce que le sol est considéré comme sale, surtout dans la communauté des Hans. Les bacs à sable sont d’ailleurs remplacés par des bacs de grains en plastique rouge. Pourtant au Laos comme en Chine, les enfants sont bercés rigoureusement et tapotés sèchement pour les aider à s’endormir.  

En Chine, la population soutient l’hygiène infantile naturelle, du coup, les enfants portent tous des pantalons troués à l’entrejambe afin de pouvoir à tout moment faire leurs besoins, dans la rue, dans les magasins, à la maison.  

En Mongolie, les enfants jouent avec tout ce qui se trouve dans et autour de la yourte. Ils possèdent un ou deux jouets, sinon ils prennent un bâton, le lasso de leur père, parfois la hache utilisée pour couper le bois. Ils passent beaucoup de temps avec les moutons et chèvres, les chevaux ou chameaux, et le chien. Les familles nomades vivent dans des yourtes sans eau courante. Les hivers sont extrêmes, rudes et austères. Ils lavent les couches dans l’eau, qu’ils ont fait en fondant des blocs de glace pris dans la rivière. Dès la naissance, ils prennent les enfants et les massent au-dessus des genoux pour qu’ils apprennent à faire leurs besoins dans des pots ou des seaux. Toutes les femmes présentes, sœur, mères, belles-mères, s’allient pour prendre le bébé régulièrement et lui faire faire ses besoins. Lorsque les femmes ne peuvent être présentes, une couche fabriquée à l’aide des excréments de chameaux compose une excellente alternative. Pourtant avant une année, les bébés nomades sont propres.