
 
Octobre, 2017
Temps de lecture: 8 minutes
Je lui rends sa liberté
Mon bébé vient de naître. Il a cinq mois in utéro, c'est trop tôt pour son petit corps. Je l'ai laissé sortir de mon être, je lui ai laissé le choix. Là je le tiens dans mes mains... Il est parfait... Une vague d'amour nous unit à jamais, je tiens mon petit garçon Kanayama.
Cette naissance de la Vie à la Mort est entourée d'Amour. Mon âme et mon cœur savent que cette naissance est juste, qu'elle est amour. En dehors du temps humain, la longueur de l’expérience n'a pas d'importance. Le chemin de Vie de mon bébé est entier, complet et terminer. Tout s'est déroulé parfaitement, il a réalisé sa mission de Vie. Une grande paix s'installe en moi et autour de moi.
Pourtant je suis incarnée dans la dualité du Monde terrestre. Je suis reliée à mon corps physique, et toutes mes cellules vivent la séparation, la tristesse, et tout le spectre des émotions. Lorsque j'emmène ma fille de 3 ans à ses côtés, nous sommes tous réunis. À ce moment-là, alors que je tiens mon enfant déjà froid dans mes bras, une larme tombe sur son visage. Elle révèle le sang par une tache rouge sur son nez. Une partie de moi hurle à la tragédie de cet être sans vie, l'autre, celle qui finalement, prendra le dessus éclate de rire. Kanayama fait le clown, il nous amène de la légèreté et de l'humour. Ce jour-là, j'ai eu le choix de sombrer ou de rire. Ma fille Nayla gardera dans son coeur l'image de clown de son frère, le sourire aux lèvres.
Nous avons été guidés, ce jour-là, nous étions au Japon sur l'île d'Hokkaido. Dans un lieu, où les fœtus de 5 mois sont considérés comme des êtres humains. Nous avons ainsi pu prendre notre enfant. Nous l'avons emmené dans la charrette que nous tirons avec nos vélos, symbole de notre vie de nomades à deux roues. Puis nous avons pu partager un repas en pleine nature aux abords d'une source cristalline, parfumée des odeurs de la forêt. Nous avons alors chanté, nous étions dans la Vie et notre enfant était avec nous. “Tu es présent dans chaque souffle du vent, dans l'aigle qui virevolte, dans l'océan qui murmure, dans la flamme qui danse. Tu es là dans notre Coeur. »
“Chaque naissance, chaque projet est soutenu, guidé et choisi. Il n'y a pas de moment défini pour allumer nos parcelles d'étoiles, de lune et de soleil qui dorment au fond de notre coeur. Toutes les expériences de la vie nous y conduisent. Le défi c'est de nous souvenir qu'au-delà des apparences, notre âme et notre esprit ont choisi d’expérimenter diverses facettes de la Vie afin de faire un pas de plus vers la réalisation de notre « Projet de Conscience ». La vie n'est pas injuste. Elle est si belle et si grande que nos yeux humains ont de la peine à y voir tout son déploiement. Notre quête de conscience vise à nous emmener un jour, à voir ici-bas toute sa magnificence. La vie est amour et lumière. Elle ne vole rien, elle n'enlève rien, elle ne punit pas, elle ne sévit pas. Au contraire, elle met à notre disposition, elle récompense, et elle encourage. (…) La vie est amour. La vie est lumières. Nous sommes amours et lumières.” Sylvie Ouellet
Je me raccroche à ces mots, afin de continuer à sentir cette paix qui m'habite par moment. Celle qui est souvent chassée par les vagues viscérales de profondes émotions. Pourtant, je souhaite aussi m'autoriser à les vivre, les accueillir pour guérir la part de moi qui le demande.
Comment partager ce qui me parcourt, moi qui par moment ne le comprends pas. Comment expliquer cette sensation de paix et de justesse. Mon silence n'est pas douleur, il est Vie. Je cherche à me relier à la somptueuse expansion, à l'Amour et à la Lumière que Kanayama m'envoie pour y trouver mon Chemin de Vie, ma Vérité.
Pourtant lorsque je parle, je n'aspire qu'à pouvoir me dire, à pouvoir mettre des mots sur ce qui m'habite. “Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter. Au plus proche de moi. Simplement accueillir ce que je tente de te dire, ce que j’essaie de me dire, car c’est cela le plus difficile.” Jacques Salomé