TURKMENISTAN

Traversée du Turkménistan

Placé sous la main de fer de l’ex-président Niazov, le Turkémnista a une résonance vague et fermée des grandes dictatures du monde. L’administration tâtione et aléatoire pour l’obtention de notre visa nous questionne quant à l’accueil que nous y recevrons. Nous avons cinq jours pour traverser le désert de Karakoum et rejoindre l’Ouzbékistan, vu l’unique visa de transit que nous avons pu obtenir.

Au abord de la frontière, la vie est pourtant autre, nous sommes entrés en Asie Centrale et les visages ronds aux traits mongols nous accueillent le sourire aux lèvres, illuminés par des dents en or. Tout de suite, nos yeux sont rivés sur les couleurs rayonnantes que portent les femmes. De longues robes filiformes bariolées et des voiles amples aux tons principalement bruns et jaunes qui recouvrent un cerceau que les femmes portent sur la tête. Elles sont splendides. Les couleurs nous rappellent à la vie enjouée, à la fraîcheur des contacts spontanés avec une population qui nous a touché par leurs regards et leur amitié.

De terres inlassablement arides que nous venons de traverser, nous pénétrons dans des terres verdoyantes, aux odeurs délicieuses de la floraison printanière et à la légèreté des chants des criquets. C’est l’allégresse de la vie qui nous ouvre le cœur. Et même si ces paysages sont un soulagement pour nous, ces arbres et cultures émeraude sont aussi le résultat d’une grande catastrophe écologique, l’assèchement de la mer d’Aral. Les russes avaient construit, en leur temps, un canal de 1’100 kilomètres à travers le désert afin d’intensifier la culture du coton, utilisant l’eau en surabondance et provoquant les problèmes de la monoculture.

Mais notre cheminement est limité temporellement, nous obligeant à rouler avec un vent de face qui ne nous quittera pas de la traversée. A cela s’ajoute l’absence totale de panneau indicateur, nous allongeant le trajet de cinquante kilomètres de notre version la plus optimiste. Nous aurons bel et bien 500 kilomètres à traverser en 5 jours. Et sur des routes de Saraghs à Mary parfois défoncées et souvent en piteuses états. Nous prenons un jour après l’autre, un instant après l’autre, sans trop espérer finir la traversée sur nos selles.