Prairies 2020 - Canada


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Les prairies canadiennes ?

« Mais il n'y a rien à voir !

Au Saskatchewan, le dicton raconte

que tu peux voir courir ton chien pendant 3 jours ! »


Nous sommes sortis des gigantesques forêts boréales qui nous ont accompagnés depuis plus d'une année. Elles étaient ce merveilleux refuge pour la faune et tous les êtres éthérés qui la peuplent, pourtant, nous avions besoin de voir la ligne d'horizon. Peut-être de nous retrouver dans un monde de rien, pour pouvoir être libre comme le vent. Nous avons senti l'appel des prairies.

Des inquiétudes dans chaque région du monde

Le vent a été notre plus grand ami et notre pire adversaire ! Sur ces vastes terres sans arbre et sans protection, nous étions à sa merci, soumis à sa loi. À certains moments, ce maître des lieux a pu être terrifiant. Ce jour-là, une teinte orangée émanait des nuages en ébullition. Tous les éléments étaient alignés pour qu'une tornade se crée. Sensation étrange de peur et d’impuissance. Les fabuleux orages sont aussi un des spectacles des prairies, absolument grandioses. Nous nous sentons les témoins de cette puissance. Une fois, la foudre est tombée juste à côté de notre tente. L'éclat lumineux était alors simultané au grand fracas qui a déchiré le silence, nous laissant sans voix, les yeux ouverts dans la nuit noire. Dans chaque région, il y les difficultés, les dangers. Dans chaque région, nous avons nos inquiétudes, parfois nos peurs.  

Tous nos sens s'ouvrent

Plonger dans les prairies, c'est imprégner tous nos sens de ce qui nous entoure. Lorsque les yeux plongent dans un mantra monotone, les autres sens s'ouvrent, pour laisser entrer de nouvelles perceptions. Les odeurs sont particulières. Chaque souffle soulève les senteurs des plantes aromatiques, parfois suaves, douces, délicates, exquises ou veloutées. Le chant des criquets ou celui des oiseaux nous accompagnent de l'aube à l'aurore dans des symphonies éclatantes au refrain régulier des insectes. Même notre peau nous apporte des sensations, lorsque ce ne sont pas les centaines de moustiques qui nous poursuivent. Le regard alors se transforme, il surprend trois hiboux grands-ducs dans leur envol. Il repère les antilopes qui gambadent dans ces vastes prairies. C’est le plus rapide mammifère de l’hémisphère nord et peut détecter du mouvement à 6,5  km de distance. Puis ce sont la chorégraphie aérienne d'une trentaine de pélicans, ou encore les oies sauvages qui commencent leur migration à la fin de l'été. Le ciel, lui, domine le paysage. Ce sont ces bleus, chaque jour différents qui imprègnent la terre. Les nuages forment des aquarelles, parfois des tableaux dramatiques. La nuit alors, seuls les hurlements des coyotes troublent la paix de la voûte céleste. Dans ce ciel infini, nous nous sentons minuscules, face à cette danse d’étoiles.

Les Bad Lands

«  Vas-y  ! Saute  !  » s’exclame Fibie, impatiente de se baigner dans la large rivière Red Deer. L’eau est brune et terreuse. Mais il fait tellement chaud que l’idée de plonger nos corps dans l’eau est délicieuse. Cette rivière a créé les «  Bad Lands  », des terres incultes. Ce sont des formations de roches sédimentaires et d’argile qui ont été érodées par le vent et l’eau. Nayla et Fibie courent, grimpent, et explorent ce gigantesque labyrinthe dans la vallée des Dinosaures avec notre ami Jim.

Dans les vastes prairies

Dans l'Alberta, les gigantesques prairies s'étendent à l'horizon, à l'image des grandes steppes mongoles ou de l'Asie centrale. Elles nous enivrent de cette sensation de liberté. Darren nous y rejoint. Les filles sont heureuses d’avoir un compagnon de route et sa présence apporte une atmosphère joyeuse et pétillante.

La famille Montpetit s'y arrête avec leur camping-car pour nous offrir une glace et des boissons fraîches. C'est leur rencontre qui a tracé notre itinéraire et c'est ainsi que nous avons choisi la route de Nord du Saskatchewan pour les retrouver à Bruno. Leur rencontre nous a touchés par leur  sincérité et leur ouverture de coeur. Nous avons d'ailleurs été reconnaissants pour l'accueil que nous avons reçu tout le long des prairies, malgré la situation mondiale. Une vague de chaleur s'est installée sur le territoire. La chaleur nous frappe et s'élève de la route comme le souffle d'une fournaise. Nous sommes obligés de trouver de l'ombre. Mais les steppes s'étendent à perte de vue sans arbre à l'horizon. Seuls les abords des propriétaires privées possèdent de l'ombre salvatrice. Nous sommes alors poussés à demander un coin d’ombre pour y planter la tente. Nous n’avons jamais eu besoin de demander une seconde fois.

Dans les champs de blé

Au Saksatchewan, nous retrouvons dans chaque village les tours à grains qui s’élèvent dans le ciel, comme un leitmotiv des prairies. Les épis de blé sont maintenant jaune doré. Ils dansent dans la brise ou composent des scènes mouvantes dans le souffle d’un vent impétueux. Nous avons alors la sensation de regarder la mer, comme des vagues qui déferlent dans le champ.

Les retours de arbres et des ours

Lentement, le long de notre traversée vers l'est, les arbres sont réapparus. Au Manitoba, les températures ont chuté et la rosée matinale est presque gelée. Les feuilles de quelques bouleaux sont déjà colorées. Parfois, une brume froide nous encercle. Nous sommes à nouveau dans des lieux plus sauvages. Il n’y a que quelques habitations sur les 200 kilomètres qui rejoignent la prochaine ville. La nuit, les coyotes hurlent. Nous entendons les meutes se déplacer non loin de la tente. Arrivés au détroit du lac Manitoba, les Narrows, le soleil fait miroiter l’eau qui ressemble à une mer. Quelque chose de cristallin émane du paysage, peut-être est-ce son énergie. Selon les mythes, le son unique des vagues qui écument sur les roches calcaires est la présence du Manito-bau, le Grand Esprit en langue autochtone ojibwée.

Nous découvrons quelques parcs nationaux, celui de Waskesiu et celui du Duck Mountain, abritant  une faune extraordinaire: wapiti, orignaux, ours noirs, cougars, lynx, bobcats et même des loups. Les lacs sont alors le refuge des oiseaux, des cygnes et des oies sauvages. Ils s’y retrouvent par centaines. Parfois, nous les voyons voler en formation. L’heure de la migration approche. Pour nous, ces lacs sont aussi source de vitalité. L’eau fraîche et la nage apaisent le corps et égayent les filles. Alors que l’énergie féminine de cet élément équilibre celle plus masculine des prairie.