YUKON 2020


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Et la lumière revient... chaque jour plus intensément

Des longues nuits boréales, nous gagnons chaque semaine plus d’une heure de jour. Tout notre corps semble être bousculé par un changement si rapide alors qu'au petit matin les températures sont toujours de -20°C. Mais tout se transforme ...quotidiennement.

Un jour, près de la rivière, quelque chose nous surprend, quelque chose de différent qui réveille en nous une joie indescriptible. Cela fait des mois que nous vivons dans un monde tapisser de neige, blanc à perte de vue. Aujourd’hui, nous percevons le ruissellement de l’eau, nous entendons son chant. La rivière s’est libérée des glaces, de ce carcan qui étouffait chaque son. Elle a repris sa fougue et sa mélodie. Elle a revêtu sa robe bleu saphir. Notre corps semble encore plus réjoui que le sourire qui se dessine sur notre visage. Une puissante énergie semble le traverser, une énergie de vie. Le printemps renaît et nous le vivons avec l’intensité qui a marqué les longs mois d’hiver.

Nous vivons ainsi chaque transformation. Nous vivons le vert intense des feuilles qui naissent sur les bouleaux et les peupliers trembles. Nous entendons les oiseaux qui à 4 heures du matin entament leur symphonie. Nous observons les élégants dessins que forment les lichens, ceux qui permettent au caribou de survivre durant l’hiver. Nous entendons le cri bruyant et surprenant d’un plongeon huard, cet oiseau symbolique du Nord. Celui-ci émet une sorte de hululements, un chant printanier mystérieux et inspirant, le chant du Yukon. Nous vivons le retour des ours qui sortent de leur longue hibernation. Ils mangent les fleurs sauvages qui désormais tapissent le sol. Ces grizzlys et ours noirs déambulent paisiblement, recouverts de leur large fourrure, tels de gros nounours. Les moustiques, eux aussi, arrivent. Cette année, ils sont redoutables, par milliers. La pire depuis plus de 10 ans. Les bois en sont infestés. Sans brise, il est parfois impossible de rester dehors sans protection.

La vie de trappeur

Nous passons du temps avec Andy et sa famille. Nayla et Fibie sont grandes amies avec Sylvia et Rose leurs deux filles. Cette famille a choisi de trapper. Ils possèdent deux concessions pour des lignes de trappes dans le Yukon. Andy nous explique que c’est un moyen pour lui de se relier à la terre, d’entrer en connexion avec elle. Et dans le Yukon, c’est une manière qui est culturellement appropriée, en plus d’être réglementée. Les peuples des Premières Nations trappent depuis de nombreuses générations. Avec les températures hivernales, la fourrure est aussi la meilleure protection contre le froid.

Lorsque nous traversons la forêt boréale avec Andy, nous comprenons alors ce lien à la terre. Il est en symbiose avec ce milieu. Il a une connaissance phénoménale des animaux et des espèces végétales. Il reconnaît les traces, il détecte les signes et indices, il connaît le comportement des animaux. C’est d’ailleurs cela qui lui plaît le plus: “C’est une véritable partie d’échecs entre moi et les animaux. La réalité du piégeage, c’est que l’animal a tout autant de chance que moi. Et que sur les deux cents trappes que je peux installer, il n’y a que quelques animaux qui se font piéger. Et je trouve que c’est équitable!” Andy pose des pièges pour les loups, les lynx, les gloutons, les castors, les rats musqués et les martres principalement.


Enfants du Monde

Trappeur au Yukon

Fibie

Fibie adore se baigner. À 10°C, elle patauge dans la boue et l’eau glaciale, alors que le lac est encore gelé et que les sommets enneigés se déploient en arrière-fond. Elle roule autour de la tente avec son balance bike et fait du yoga. Elle aime lorsque Xavier la lance dans les airs, “toujours plus haut!” Lui souffle-t-elle.

Nayla

Nayla roule dans le Yukon. Elle traverse ses vastes espaces, longe les forêts boréales, passe le long de petites mares bleu sombre et de lacs gelés. Elle pédale avec des vues à couper le souffle, sur les montagnes qui se déploient toujours plus hautes. Un sourire radieux illumine son visage. C’est aussi dans le Yukon qu’elle fête ces 7ans. Là face au lac Deszdeash elle a accueilli quelques amies pour jouer dans le sable, au ballon, pour griller les saucisses de bison sur le feu et pour explorer les alentours. L’amitié et le jeu étaient le centre de ce moment de partage en plein air.

A la découverte du Yukon

Avec l’arrivée du printemps, nous profitons de faire de nouvelles activités. Nous rejoignons le sommet des montagnes. Nous découvrons les Tors, ces étranges formations rocheuses, de gigantesques blocs de roches au sommet d’un plateau. Nous avons la sensation d’être ailleurs. Pourtant, lorsque assis sur les formations nous regardons la vue, il y a toute la puissance du Yukon face à nous. Nous nous imprégnons des gigantesques rivières qui serpentent sur le territoire, des sommets qui s’étirent, des falaises rocheuses, des glaciers suspendus, des faces de neige blanche immaculée. Nous faisons du rafting et canoeing face aux somptueux contreforts des montagnes de Kluane. Les rivières sont les routes du Yukon. Elles permettent d’accéder à des territoires reculés et sauvages. Elles permettent de s’imprégner totalement de cette incroyable nature et des animaux qui peuplent ces terres. Nous nous laissons porter par le courant, emporté par l’énergie de l’eau à travers les paysages. Le chant de la rivière et des oiseaux souligne la profonde quiétude.