
 
KIRGHIZSTAN
Traditions nomades et paysages kirghizes
Dès notre entrée au Kirghizstan, deux aspects semblent illuminés le territoire. Le premier sont les coutumes locales perpétuées en des traditions vivantes, le second sont les paysages sauvages qui se déploient à l’infini.
Les yourtes blanches habillent les vastes steppes vertes recouvertes d’edelweiss. Durant l’été, elles deviennent le lien tangible avec les racines nomades de la population. Les troupeaux de chevaux courent au grand galop dans ces gigantesques espaces, les crins dans le vent. Les aigles virevoltent avec leur plus grande élégance dans un univers de légèreté. Les hautes cimes du Pamir sont encore visibles, elles dominent de leur 7’000m ce monde de liberté, et la neige fraiche qui recouvre ces sommets étincelle d’une blancheur inouïe apportant une énergie de pureté à cette alchimie. Les rivières naturelles regorgent d’eau et s’évadent sur le territoire en de nombreux méandres. L’eau cristalline reflète le bleu profond de la voute céleste et la petite feuille qui s’est déposée sur son court s’amuse dans cet univers, portée par le courant.
Les panoramas qui se dévoilent au fur et à mesure de notre cheminement sur la route en terre présentent des tons bleutés, qui seront pour nous un symbole de ces espaces composés de montagnes. Les jailoo s’étendent en dessous des pentes abruptes dont les sommets sont encore enneigés. La visibilité est si limpide qu’au loin nous pouvons distinguer les tâches violettes des fleurs qui se sont épanouis dans ces prés. Plus loin, les collines arides aux tons rouges et or contrastent avec un vallon où le vert sombre des épicéas nous émeut, comme l’odeur de leur sève au parfum si délicat. Les cols se poursuivent les uns après les autres jusqu’au somptueux lac Song Kol qui s’étend lisse comme un miroir, reflétant quelques cumulus blancs qui se forment gentiment. Là-bas, les orages sont puissants et les lumières orangées du coucher du soleil sont filtrées par les nuages noirs qui créent des vagues de pluie mouvantes.
Les glaciers au-dessus dans la réserve naturelle de Karakol nous ferons pénétrer dans le silence noble des hauteurs, où seul le bruissement du vent fleuretant avec les sommets se fait entendre. Un espace puissant de glace et de roche, d’une douce pureté, d’une rare violence par instant.
Les lacs alpins s’étendent entourées de formations rocheuses qui s’élèvent parfois au-dessus des neiges éternelles. Leur taille varie mais les dimensions gigantesques du lac Issykol impose son statut de deuxième plus grand lac d’altitude de la planète. Une faille inondée qui atteint une profondeur extrême et dont la salinité de l’eau et l’activité thermale l’empêchent de geler. Mais c’est surtout les reflets de couleurs de ces étendues d’eau qui donnent lieu à un spectacle incessant, à un jeu de lumières et de textures qui adoucis l’esprit.
Dans ce puissant décor, la vie Kirghiz se déroule. Les yourtes, boozi, se dessinent dans ces verts pâturages. Le soleil reflète la blancheur des Ulducks et Tuldrucks, ces larges bandes de feutre qui garantissent l’étanchéité et l’isolation de la yourte. Ils sont placés tout autour des armatures en bois souple de saule, les keregés et les tchi. Le tyndynk, symbole du drapeau kirghiz, est une roue permettant de soutenir le toit et créant une ouverture centrale laissant la lumière s’infiltrer dans cet univers à l’odeur forte de moutons. Les couleurs vives des shyrdaks, tapis de feutre aux divers motifs, rendent l’espace intérieur chaleureux.
A droite du bosoro, l’entrée, se situe la partie féminine, Achkana où se trouve généralement tout le matériel de cuisine alors que sur la gauche se trouve l’univers masculin ainsi que tous les éléments nécessaires à soigner le bétail, et les selles et licol pour les chevaux.
Un petit potager, otshok, apporte de la chaleur à la demeure et l’odeur de la viande bouille, qui compose la nourriture de base, accompagnée de pain, et de boursuk, une sorte de petits beignets. Les vaches, chèvres et brebis donnent leur lait pour la crème et le Kurut, des boulettes de yogourt séchées. Et le koumis, lait fermenté, est fabriqué grâce à la vingtaine de juments qui sont trait jusqu’à 5 fois par jour. A l’extérieur, le thé est préparé dans des théières en forme de trophée, où un petit foyer en bois est allumé afin de chauffer l’eau.