Pour nous, Hokkaido est une Terre d'émotions. À peine avons-nous touché des doigts son essence, à peine avons-nous retrouvé nos sensations nomades, qu'emmenés en son centre, nous vivons mort et renaissance par le passage de notre enfant de Lumière Kanayama. Notre fils né à cinq mois de grossesse. Simultanément, le monde autour de nous s'effondre, quatre typhons affectent l'île d'Hokkaido en quelques jours. Dans la petite ville de Minamifurano, les arbres s'abaissent devant la puissance du vent. L'eau se déchaîne, elle sort de son lit et transforme le paysage. Il reste la Peur. Elle est là comme une ombre. Autant que la séparation. Lorsque tout s'effondre en nous et autour de nous, comment trouver la douceur nécessaire pour voir au-delà des événements ? Nous sentons alors au plus profond de nous un appel à la Vie. L'Amour de notre enfant est si puissant que son expansion nous guide comme un phare. Nous nous laissons portés...

Accueilli chez Shigeo, il deviendra un Grand-Papa au Japon pour Nayla. Un homme qui nous a profondément aidés. Puis les paysages d'Hokkaido nous ont portés par leur magie. Nous retrouvons les grands espaces, vibrant la force de vie.

L'océan fougueux nous a apporté le sentiment euphorique de la liberté. Les lacs nous ont accueillis, fascinés par leur beauté. Des lieux qui portent en eux une alchimie parfaite entre les éléments. La terre et ses montagnes, l'eau et son lac miroir, l'air et les nuages dansants, le feu et son coucher de soleil pourpre.

À l'intérieur des terres, les forêts s'étendent au-delà des monts et des vallées. Ces forêts semblent intemporelles, tant elles appellent à d'autres dimensions, à une nature intacte, à des espaces indomptés et impénétrables. Lorsqu'elles sont traversées par les grandes rivières, c'est comme une respiration. L'eau y est limpide, pure. Elle reflète un bleu roi qui la rend majestueuse.

Au bord du lac Kussharo, nous sommes au cœur des volcans pulsants. C'est un peu comme si nous ressentons le pouls de la Terre. Là, une source d'eau chaude naturelle se déverse dans le lac. L'odeur du soufre chatouille nos narines. Il ne fait que quelques degrés et l'air froid a gorgé nos poumons. Les mains gelées nous sentons la température de l'eau, 43°C. Avec une joie proche de l'excitation, nous nous déshabillons. Nus, transis, nous entrons délicatement dans l'eau chaude. Une profonde sensation de bien-être s'empare de nous. Voilà la perle du Japon, un lieu qui allie les traditions de la finesse japonaise aux somptueux paysages d'Hokkaido. Un instant délicat, un de ceux qui nous portent à être nomades.