
 
Juin, 2022
Temps de lecture: 12 minutes
C'est le temps des au revoir
Nous reprenons la route. Ce n’est pas un départ, ce n’est plus un départ. Pour nous, c’est simplement la reprise de notre vie. Notre passage en Suisse était une parenthèse. Nous sommes heureux d’avoir pu passer ce temps précieux avec les personnes que nous aimons, d’avoir pu profiter des splendides paysages de la Suisse, de ses fabuleuses montagnes et de ses panoramas époustouflants. Nous avons pu partager nos passions avec Nayla et Fibie, du ski, de la grimpe et de la randonnée. C’était un passage important pour nous, pour Nayla et pour Fibie. Il était nécessaire, comme une grande boucle qui se terminait, la première fois que nous revenions en Suisse à vélo. Nous étions aussi appelés à transmettre certains des enseignements que nous avons reçus le long du chemin par des conférences, des ateliers et des séances individuelles. Mais à nouveau, le nomadisme nous appelle.
Nous regardons la carte ! Pas si simple de dessiner un projet d’envergure avec les incertitudes mondiales du moment. Alors nous décidons de reprendre la route et de suivre la voie qui s’ouvre à nous. Deux jours avant le départ, nous ne savons toujours pas si nous tournons à gauche ou à droite lorsque nous serons sortis du Val d’Hérens. Notre première journée, trois rayons se brisent, comme si le voyage réclamait instantanément l’inattendu, mais surtout cette confiance et ce lâcher-prise face aux événements. Finalement, nous partons à droite et décidons de traverser les Alpes suisses. Nous passons à nouveau le col de la Furka que j’ai tant détesté il y a 12 ans. Ce mur à traverser dans la tempête de neige devait être le symbole de toutes les peurs qui étaient présentes au départ. Cette fois, nous montons avec légèreté, même si nous avons dû pousser à deux nos vélos dans la vallée de la Binntal sur un petit chemin escarpé à plus de 17 %. Les cols se méritent !
Les fontaines nous accueillent pour nous rafraîchir et selon la tradition Nayla et Fibie s’y baignent dans les villages traditionnels et face aux petits chalets !
Dormir au coeur des Alpes, dans les prairies recouvertes de fleurs sauvages, à jouer dans les torrents sont des instants délicieux que nous savourons avant de descendre les dizaines de virages en lacet qui nous ramènent dans la plaine. Nous avons longé le Rhone en montant, cette fois nous descendons le long du Rhin.
Les gestes du quotidien
Nous retrouvons chaque geste qui nous permet de vivre cette vie d’itinérance. Nous montons la tente dans l’allégresse de pouvoir dormir en contact avec les vibrations de la Terre. Nous prenons soin de notre corps en faisant du yoga et des assouplissements. Nous nous lavons dans les rivières glaciales, les lacs ou les fontaines. Nous déjeunons en doudoune dans la rosée. Nous inspirons les odeurs qui nous entourent. Nous sommes à l’écoute du chant des grillons, le sifflement des oiseaux, ou le bourdonnement des abeilles. Nous méditons, et entrons en contact avec l’esprit du lieu, des arbres ou des animaux. Nous cuisinons sur notre petit réchaud à essence. Nous laissons notre créativité élaborer des plats végétariens, agrémentés d’algues et d’épices. Nous faisons aussi germer des graines sur nos vélos. Nous avons ainsi de jeunes pousses avec nous et leur extraordinaire pouvoir nutritionnel. Nous prenons le temps d’être ensemble pour jouer avec ce qui se présente. Nous créons des mandalas ou de l’art éphémère dans la nature. Nous dansons avec le vent ou faisons du taï-chi dans les prairies alpines de fleurs sauvages. Nous chargeons nos appareils électroniques avec notre dynamo ou avec notre panneau solaire. Nous réparons les premiers trous dans les habits suite aux explorations des filles ou après avoir grimpé sur les arbres.