
 
LAOS
Aux pays des Sabaidee
Nous entrons dans le Laos comme bercés par l'atmosphère paisible qui y règne, tout y est calme. Une lenteur cadence le flux de chaque mouvement, un peu comme si le rythme suivait celui de la nature dans sa période de repos, comme si chaque geste était posé pour ne pas bousculer l'ordre des choses, comme si là-bas on pouvait écouter pousser le riz. Cette sérénité rappelle les reflets du soleil sur le Mékong, alors que les pêcheurs lancent paisiblement leur filet. Elle est douce, apaisante, tendre, elle rappelle à un rythme qui sait se laisser porter par le courant, qui sait vivre dans la simplicité avec ce qui est disponible.
Pourtant, cette tendre lenteur s'impose aussi par moment comme un étaux, comme s'il ne fallait pas perturber l'eau paisible de remous, comme si tout se passait en-dessous de la surface. Nous plongeons ainsi d'une douce chorégraphie, aux profondeurs visqueuses. Le revers de la sérénité du Mékong, c'est son réseau de prostitution. Le revers du sourire impérial des Laotiens c'est un masque de protection. D'un calme apaisant, il en devient lourd, parce qu'il porte le poids du paraître. Une sensation de non-vie, de non existence, vibre, comme si son peuple avait appris à ne pas vivre trop fort, à être invisible, transparent de l'extérieur, peut être afin de pouvoir exister à travers l'histoire. Il en reste une tonalité dissonante.
Cependant, les papillons nous accompagneront sur la route dans un monde qui nous fait vibrer. Nous entrons dans les montagnes au nord du Laos. Là où les monts verdoyants s'étendent à perte de vue, là où les points d'eau deviennent des lieux de rencontres, là où les orages éclatent en puissance, là où la brume s'étend le long des cours d'eau, là où les montagnes karstiques animent le paysage de leur splendide silhouette. Là, l'air a les senteurs de l'altitude, des fleurs, de la nature. Les routes suivent le paysages en mille lacets, elles naviguent au coeur du terrain, suivant chacune de ses courbes, de ses dévers, de ses pentes. Les forêts denses sont visibles au loin, mais la culture sur brulis à pris le devant de la scène, par moment tristement. Pourtant la beauté des panoramas nous apporte un souffle de liberté, de légèreté.