Août, 2022

Temps de lecture: 13 minutes

Pologne

2022


Texte


Galeries


Vidéo

Dzień dobry

Nous traversons le massif des Sudètes pour rejoindre la plaine de l’Europe du nord. Nous passons la frontière polonaise. Il nous faut toujours du temps pour entrer dans un pays, pour y sentir sa vibration, son ambiance, pour goûter à ses richesses. Lentement, nous apprenons quelques mots de polonais et ce sont autant de portes qui s’ouvrent à nous, ces moments de partage, parfois pour quelques minutes au bord de la route. Ces quelques mots nous permettent de créer une connexion avec les personnes et leurs élans spontanés. Leur enthousiasme est alors une vague de force et de courage pour nous. Elle nous permet de cultiver cette profonde joie et gratitude, cette connexion à l’humanité au-delà des frontières. D’ailleurs, la Pologne nous émeut. Nous ressentons dans ce peuple une profonde joie de vivre, une force et une puissante résilience. Les sourires de la population, leur Dzień dobry pour nous saluer. Andrzej nous aura d’ailleurs expliqué que l’amitié en Pologne est la plus grande des richesses. Elle est plus importante qu’une maison ou de l’argent, parce qu’en cas de besoin, ce n’est que sur eux que l’on pourra compter. Cela retrace aussi la situation géographie de la Pologne, entourée par 7 nations. Un peuple multiculturel qui été le premier à reconnaître le droit des minorités. Un peuple dont ces individus ont transformé le monde que ce soit par la révolution de Nicolas Copernic, le compositeur et virtuose Frédéric Chopin, ou la scientifique Marie Curie. Surtout, nous sentons à quel point le peuple polonais est relié à l’histoire de l’Europe et du monde. Traverser la Pologne c’est plonger dans les couloirs de l’Europe, de son histoire, de ses pensées, de son héritage et de ses tragédies. La Pologne en est plus qu’un reflet, elle fait partie de l’Histoire.

Au coeur de la Pologne

L’Histoire, nous la ressentons parfois dans les marques du passé, comme les cicatrices des traumas. Elle semble par moment nous rattraper face aux images de guerre exposées, violentes, encore présentes dans les mémoires ou dans l’inconscient. Pourtant, les tragédies sont entrées bien plus profondément, non pas seulement dans les lieux de destruction et d’horreur connus, mais aussi ceux oubliés, cachés, les fantômes des forêts. Peut-être à l’image de ces réveils en torpeur lors de nos nuits dans les bois. Parfois, ce sont les chevreuils qui nous réveillent par leurs aboiements. Les animaux auront été présents à nous comme ils ne les ont jamais été. Un peu comme s’ils étaient nos gardiens. Ou comme cet éclair qui a frappé l’eau à quelques mètres de nous, en pleine tempête à 6 heures du matin. Le tonnerre et l’éclat étaient simultanés, alors que le vent tourmentait la tente. Sans oublier la douloureuse époque soviétique. Satellite de l’URSS sans en faire partie, les Polonais ont subi cet empire brutal, imposant et froid. Pourtant, le communisme a transformé les pensées, les manières d’être. Il existe un héritage lumineux comme les Dziadka. Ces petites maisons de campagne qui restent le coeur de la Pologne. Ou les bar mleczny, les cantines dans lesquelles la cuisine traditionnelle est servie. Les filles ont adoré le chlodnik, ce velouté à la betterave froide au rose éclatant.

Toujours est-il que le peuple polonais est un peuple de fête. Cette joie de vivre, nous la ressentons partout où nous allons. Cette volonté d’être vivant et vibrant ! D’ailleurs, c’est en Pologne que l’eau se transforma en vodka ou en whisky, et les soirées à danser sur la terrasse. La Pologne nous a appelés, elle nous a invités à traverser ses terres. L’incitation de nos amis Nina et Matthieu pour déguster les meilleures glaces du monde à Varsovie s’est transformée en une véritable exploration du pays, un coup de coeur. Nous n’avions aucune idée ou préconception de ce qui allait nous attendre. Nous ne savions même pas quel itinéraire choisir. Les petites routes de campagnes et pistes cyclables nous ont surpris. Nous roulons sans trafic au coeur du pays. Nayla et Fibie sont contents de pouvoir rouler seules, complètement détendues, à la découverte des instants de vie qui se dévoilent à nous. Nous ressentons instantanément une forme de douceur, dans le regard des gens, dans la configuration du paysage, dans les petits villages. Nayla dira même que la langue est douce. Fibie a été marquée par les vaches attachées à un piquet qui broutent de l’herbe. Il n’y a pas de clôture ni de parc. Nous découvrons les églises, celles magnifiques en bois ou en briques rouges, d’un peuple très croyant et dont les chants et louanges résonnent avec joie. Nous retrouvons surtout une population qui est présente au sein des villages. Nous sentons qu’ils sont habités, vivants. Dans les campagnes, il y a comme sensation de simplicité, une impression d’être hors de la frénésie de la société, dans un retour à des activités plus terriennes ou sobres. Ce n’est peut-être qu’une perception, mais l’odeur du foin a tapissé nos expériences de cette senteur de la terre. Puis nous découvrons ces marchés, ces lieux où instantanément nous nous sentons entrés dans les coulisses du pays. Nous nous délectons alors de l’ambiance qui y règne.

En direction de Varsovie

La mission était de rejoindre Varsovie avant l’anniversaire de Fibie pour pouvoir le célébrer avec Nina et Matthieu. C’est les filles qui ont choisi et elles ont roulé plus de 60 km par jour pour y arriver en une dizaine de jours. Mais rien n’est acquis d’avance. 600 km c’est long. Le temps de vivre des découragements, des frustrations face aux montées alors que la Pologne c’est plat comme tout le monde nous le répète. Surtout de vivre l’aventure ! Xavier est stoppé net. La roue de la charrette rend un angle effrayant. L’axe s’est brisé! Impossible de bouger! La communauté se sent impliquée dans notre pause forcée et espère que nous pourrons réparer la roue. Ils nous aident et nous apportent des fruits et des gâteaux. Pourtant, durant 3 jours, notre route sera ponctuée par des arrêts forcés au milieu de la chaussée pour des réparations. Les doigts en or de Xavier et son ingéniosité nous permettent de poursuivre et d’arriver pour les cinq ans de Fibie à Varsovie ! Elle s’est réveillée avec des ballons dans la tente et les retrouvailles avec ces amis auront été suffisants pour que cette célébration soit parfaite ! .