Octobre, 2022

Temps de lecture: 10 minutes

Slovaquie

2022


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A TRAVERS LES CARPATES

Lentement, nous entrons dans le sanctuaire alpin que sont les Tatras. Des arrêtes lacérées et des aiguilles de granit donnent un caractère spectaculaire à ces montagnes. Elles sont la partie la plus élevée des Carpates. Nous grimpons sur cette route qui nous emmène au sommet du col. La lente ascension nous permet d’intégrer le changement de paysage, et l’ambiance du pays.

Au sommet, les hauts sommets des Tatras se dévoilent. À plus de 2’700 m d’altitude, ils sont majestueux, élégants et puissants. Nous campons au sommet du col avec la vue sur les montagnes. De l’autre côté, à perte de vue, des collines tapissées d’arbres s’entrelacent. N’ayant pas trouvé de rivière à proximité, nous filtrons les grandes flaques d’eau laissée par la pluie du matin pour boire et cuisiner. Elle garde pourtant son goût légèrement terreux. Il commence déjà à faire froid, nous sommes à plus de 1’000m d’altitude. Nayla et Fibie jouent dans ces vastes espaces, dans cette biosphère protégée. Des ours bruns peuplent la région ainsi que des loups pour les grands mammifères. Nous sommes présents à chaque cycle, faisant partie de cette nature prenante, parfois exigeante.

Un hurlement résonne dans le noir

Un bruit venu d’un autre temps. Un son rauque et puissant qui prend aux tripes. L’appel du cerf retentit dans la forêt. Il fait écho dans les montagnes. Destiné à attirer les biches, il sert aussi à éloigner les adversaires. Nous sentons la puissance de ce brame, son pouvoir de séduction et cette démonstration de force masculine. Nayla et Fibie ont de la peine à croire que peu de personnes ont entendu la magie de ce chant nuptial, ce cri d’amour passionné. Il est présent lorsque nous nous endormons et à notre réveil. Nous sommes même les témoins des raies en pleine journée. Parfois la silhouette d’un grand mâle fait son apparition dans la brume. Il est le maître des lieux. Chaque soir, nous l’entendrons. Il représentera notre expérience de la Slovaquie.

Le paradis slovaque

À Betlanovce, nous sommes au pied du parc national Slovensky raj, le paradis slovaque. Nous suivons le sentier de la Sucha Bela, ce torrent limpide au chant mélodieux. Son flot est doux, purificateur, libérateur. Nous longeons le lit de la rivière. Puis nous découvrons de petites échelles placées horizontalement. À 1m de haut, Nayla et Fibie sont hilares de les parcourir en faisant un jeu d’équilibre. Pourtant, plus nous avançons, plus les passages sont longs, hauts et parfois impressionnants. Lentement, ce chemin dans la rivière se transforme en via ferrata, sans protection. Nayla et Fibie sont toujours excitées par ces jeux d’équilibriste et nous devons parfois les focaliser pour qu’elle garde leur concentration. Les passages deviennent de plus en plus aériens et cette fois nous arrivons devant la première chute. Des échelles grimpent à côté de l’eau qui plonge dans le vide. Nous escaladons au-dessus du gouffre. À plus de 30m de haut, la deuxième échelle est vertigineuse. Nous poursuivons dans la gorge, suivons les marches placées dans le vide et dans des voies étroits au coeur de la roche, grimpons le long d’autres chutes d’eau. Les filles sont toujours aussi contentes et agiles, même si la fatigue se fait sentir. Nous arrivons finalement au sommet et rejoignons un monastère en ruine suivant l’arrête. Là, face à nous, se dévoilent les montagnes enneigées des Tatras, somptueuses, majestueuses, élégantes. Elles nous invitent à une grande inspiration, à un moment de pause et de contemplation.