Octobre, 2022

Temps de lecture: 8 minutes

Serbie

2022


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SYNAGOGUE DE NOVI SAD

Dans la synagogue de Novi Sad, le concert débute. Notre ami Sinisha joue de la contrebasse avec l’Orchestre symphonique de Voïvodine. Mon corps est traversé de frisson. Tout mon être vibre de gratitude d’être simplement ici, présente. Il y a des moments qui parfois nous semblent surréels, des instants où l’on sent que la Vie a orchestré quelque chose qui nous dépasse. Ce soir, les musiciens ont choisi de jouer sans chef d’orchestre. Une première. Comme portés par la musique, les artistes se synchronisent les uns aux autres dans un mouvement fabuleux.

Traverser l’Europe, c’est réaliser que nous vivons dans un monde interculturel où les communautés sont mixtes. La région de Voïvodine que nous traversons actuellement en est le symbole. Cette province automne de la Serbie possède plus de 25 groupes ethniques et six langues officielles. L’humanité est à célébrer !  

Accueillis dans le village de Kovačica

« Un Raki pour célébrer notre rencontre » s’exclame Dragan.

Impossible de passer à côté, cet alcool fort, fait à base de fruit, est une tradition.

Nayla et Fibie partent en vélo à l’école dans le village de Kovačica! Quelle expérience de pouvoir expérimenter l’école en Serbie ! Fibie rejoint les classes enfantines avec Iskra. Nayla participe dans les plus grandes classes avec Sofia. Dragan et Biljana nous ont accueillis ici avec leurs trois filles Teodora, Sofia et Iskra. Plus que l’hospitalité, nous faisons désormais partie de la famille. Un fort lien nous unit de par nos activités et nos passions, mais surtout une profonde connexion. Rapidement, les conversations deviennent personnelles, intimes, chacun se dévoile.


Fibie revient enchantée de son expérience, d’avoir chanté et danser avec les enfants et s’empresse d’ajouter :

– « j’ai eu une super maîtresse ! »


Nayla a aimé l’ambiance même si elle ajoute qu’elle préfère son vélo. Elle a reçu des dessins de la classe et se lie d’amitié avec quelques filles. Nous organisons aussi une conférence pour l’école. Les enfants sont enthousiasmés et passionnés de voir les filles sur leurs vélos à travers le monde.   Après 5 jours, il est temps de poursuivre. Nous nous séparons les larmes à l’œil de cette rencontre de cœur. bum

Au coeur de la nature

Un chacal hurle  Un magnifique et puissant cri à quelques mètres de la tente. Nous sursautons. Un frisson me parcourt. La meute, quelques kilomètres plus loin, répond à l’unisson. Nous sommes alertes, mais surtout émerveillés de cette incroyable rencontre, de la puissance de ce cri. La magie nous envoûte. Nous sommes dans une réserve protégée, seuls avec les animaux. Pourtant, nous avons dû lutter pour atteindre ce lieu.

La piste en sable, qui nous y a guidés, a été un défi inimaginable. Nous avons poussé notre vélo à la montée sur dix kilomètres. Nayla aussi a tiré son vélo, alors que Fibie se jetait dans le sable pour jouer. Dix kilomètres c’est long, c’est interminable. C’est dur pour le corps, c’est épuisant pour les muscles, c’est harassant pour le dos, mais c’est surtout rude pour le mental. Parce que concrètement, nous ne savons pas quand ni où cette traversée acharnée ne s’arrête. Il y a un moment où tout s’emballe, où l’on souhaite accélérer pour enfin y arriver puis on comprend qu’il va falloir prendre son mal en patience, qu’il va falloir plonger dans l’inconnu, qu’il va falloir tenir sur la distance, surtout qu’il va falloir rester une équipe jusqu’au bout, parce que si les filles craquent, nous sommes bloqués ici au milieu de nulle part. Nous voulions sortir du sable avant de camper. Après 10 km de labeur, nous montons la tente. Il n’y a aucun signe d’une quelconque amélioration de la piste, mais le soleil va se coucher. Nous nous lavons dans le vent glacial.

Le lendemain matin, le brouillard est dense. Au final, nous poussons nos vélos pour encore 15 kilomètres et 5 heures. En tout, nous aurons poussé nos vélos durant 25 km. Nous sommes épuisés physiquement et mentalement, et pourtant une fois de retour sur une vraie piste, nous prenons conscience de l’incroyable traversée que nous venons de réaliser.